LE VOYAGE DE NAMBU

On ne reçoit que ce qui existe déjà au fond de soi. C’est pourquoi, je ne te demande pas ce qui pourrait bien t’arriver pour que tu ressentes du bonheur, non ! Ce que je te demande, c'est comment le bonheur existe initialement en toi. Sais-tu a quel endroit il vibre ? Quelle est sa contenance et sa forme ? Lorsque je te parle d'un monde qui existe en chacun, je parle aussi du tien, il a aussi sa place. Ce monde, c'est ce qui te fait exister, vibrer, c'est la référence avec laquelle tu comprends la vie qui t'entoure, sans vibration initiale, tu n'aurais pas de référence et tu ne pourrais être touché. Ta sensibilité est aussi la variété des expériences qui sommeillent en toi. Elles sont réactivées au contact de la vie, c'est ta résonance profonde qui émerge et te permet de ressentir. Avec cela, tu observes et comprends que cela existe au fond de toi. Lorsque la vibration est reconnue, elle émerge et commence son travail. Elle nourrit ton intérieur par l'amplitude de sa vibration.

Dans la rencontre, nous sommes et l'autre est, c'est ainsi. En cela il n'y a pas de conflit. Bienveillants, nous reconnaissons ce qu'il est, et il se sent reconnu. Sans secret, nous l'accueillons avec l'esprit d'honnêteté. En entrant dans notre jardin, il est respectueux car il y reconnaît des plantes identiques à celles de son jardin qui y sont traitées avec attention et cela lui fait plaisir. Le visiteur est libre d'aller et de venir, de cueillir quelques fleurs selon ses besoins ou ses envies. Il en est de même pour nous, nous visitons son jardin et découvrons la créativité de ses aménagements, ses nouvelles espèces, nous nous enrichissons de ses connaissances.

Las d'un regard limité, tu souhaites enrichir ta perception.

Las d'ignorance, tu as suivi le lointain jusqu'à oublier ce que tu as été.

Las de toute épreuve, tu retournes à ce que tu es.

Riche de ce que tu es, tu t'ouvres à ta présence.

Près de toi, tu te célèbres, loin de toi, tu t'accomplis.

Riche de ce que tu as fais, tu savoures ce que tu es.

De cet éveil, se révèle l'infini.

Avancer peut demander un effort considérable, pourtant les limites ne sont souvent imposées que par nous-mêmes. L'ombre intérieure incite à ralentir, s'arrêter, réfléchir ou s'inquiéter. Ainsi, nous pouvons rester de longs moments à attendre avant que s'offre une éclaircie. Mais qu'en serait-il si ces besoins n'existaient pas ? L’être aimé, notre famille et notre travail répondent-ils à nos espérances ? Parfois, la maladie nous impose l'arrêt. Qu'aurions-nous alors fait si notre corps nous le permettait ? Lorsque nous sommes diminués, nous aurions pourtant fait tellement de choses. Tout au moins, c'est ce que nous pensons... Pour continuer nous avons besoin de portes ouvertes. Régulièrement nous regardons notre vie, dans ces domaines respectifs et constatons qu'aucune étoile ne nous a permis de la suivre, soit inexistante, dans un ciel aussi grand que notre espérance, soit passée trop vite. Las d'attendre cette chance, nous suivons la facilité pour répondre aux besoins journaliers. Pourtant, en nous demeurent de multiples questions : pourquoi n'ai-je pas fait à tel moment ceci, ou pourquoi, je rencontre des difficultés ? La culpabilité peut aussi être envahissante et maintient notre incapacité à ouvrir cette porte qui ferait tant de bien. Mais, sommes-nous responsables de cela ?

Je suis.

Esprit de vie, je possède le cœur.

Ouvert sur l'inconnu et enthousiaste dans l'expérience.

je suis mes mémoires passées, dans cette conscience j’acquière la connaissance.

Elles me guident dans mon jugement et mes valeurs.

Comme inconnues, elles jaillissent et s’installent dans mes pensées.

Je les ressens et réagis, ces émotions m’enrichissent.

Elles sont moi, je suis elles.

Plein de cela, je suis comblé de vie.

J'aimerais te parler de l'esprit de neutralité. Dans la vie quotidienne, l'esprit est tourné vers ses pensées. Incessantes, elles vont, viennent et pénètrent l'être. Nous sommes investis dans chacune d'elles, jusqu'à nous perdre. Chaque pensée contient son univers et insuffle en nous une émotion. Cela semble intéressant et apporte des connaissances probables sur ce qui nous entoure. Nous acquérons de l'expérience sans prendre de risque. Ce que nous en gagnons réellement est une dépendance. Nous souhaitons connaître pour changer notre vie, mais celle-ci reste lettre morte et nos connaissances s'accumulent.

Dès sa naissance, chacun cherche à répondre à ses besoins, la vie l'impose. Une fois acquis, les biens se confrontent à notre jugement. Mais parfois, ce don n'est pas profitable, cela peut s'apparenter à une erreur et ce qu'il a reçu lui apporte finalement des ennuis. L'esprit touché par cette expérience devient méfiant et désire contrôler ce qu'il reçoit. Il part alors à la recherche de ce qui ne semble pas bon dans sa vie puis, à ce qui n'est pas bon en lui. Ses relations seront aussi filtrées par le bon ou le mauvais. Untel est ainsi et m'apporte cela, c'est bon pour moi, l'autre est mauvais... Mais la situation peut encore se compliquer, certaines relations jugées comme mauvaises apportent de bonnes choses et d'autres jugées comme bonnes, de mauvaises. Tout cela, l'esprit le positionne comme bien ou mal, l'acceptant ou le refusant suivant ses besoins du moment. 

Souvent, le présent révèle une incapacité à se libérer de ses craintes pour vivre sereinement. Comme je te l'ai déjà dit, des étapes sont nécessaires, la première est la reconnaissance. En pénétrant l'espace intérieur, un sentiment d'isolement peut naître. Puis, l'interrogation survient sur l'utilité de la pratique. Mais il n'en est rien, je dirais plutôt que c'est à cet instant que tout commence. En se libérant des pensées, nous pénétrons le grand vide, ceci représente le cheminement intérieur. Alors nous pouvons comprendre la source de nos inquiétudes et le besoin de penser pour se rassurer. Ensuite, nous comprenons que nous sommes habités par le manque de confiance, que rien n'existe en nous, sans lieu où retourner. Le manque profond de confiance génère dans notre vie de multiples pensées. Nous nourrissons nos rêves tout en pensant ne pas le mériter, mais le cœur désire t-il vraiment ? Une clef fondamentale est de garder confiance. Notre corps est bien le lieu où vit l'esprit pour notre expérience. Regarde comment celui-ci s'est développé sans notre attention. Tout cela continue, progresse, grandit et se détruit malgré nous. Nos yeux contemplent, regardons la magie qui existe au moment où nous sommes vraiment là. Pouvons-nous en prendre conscience un instant ? Que concluons-nous ? Beaucoup de choses nous dépassent et pourtant elles vivent ! Alors tournons nous, vers ce qu'il y a de plus grand en nous, notre créateur intérieur.

Vers toi, regarde ce qui reste de tes désirs ! La vie répond à nos besoins profonds, elle fait de même avec toute existence, du plus petit au plus grand. Tout ce qui t'entoure dépend de la vie, comment ne pas avoir confiance, regarde et ouvre-toi. Que ton regard se tourne dans ce sens, libre des désirs extérieurs, simplement dans l'écoute de ce qui est le mieux pour toi. Comment ne pas garder confiance dans cela, tu souhaites être, et comme tu le constates aujourd'hui, tu n'es rien, alors pourquoi ne pas rabaisser les rêves vains de ton esprit en l'ouvrant à tous les possibles. Avec le temps, tu t'apercevras qu'il n'y a pas de différence entre toi et ce qui t'entoure. En cela, tu seras tout et pourtant tu resteras libre, surtout de ce qui t'entoure aujourd'hui. Tu vois, libère- toi de tout cela, la vie t'en offre la possibilité. Garde seulement à l'esprit les désirs de ton cœur, la réponse ne se fera pas attendre. Fais le dès maintenant !

Nous pouvons parcourir plusieurs chemins avant que ne se révèle notre voie. De cela, nous garderons un enrichissement. Dans l'égarement, nous avons la sensation de perdre notre temps, de nous heurter à des incompréhensions ou des expériences difficiles. Tout ces éléments peuvent rebuter. Mais comment connaître à l'avance ce qui est bon, de ce qui ne l'est pas ? 

Écoutons et comprenons que notre présence réelle est souvent différente de ce que nous imaginions. Notre pensée est chargée d'impressions et de ce que nous croyons de notre potentiel, mais ce ne sont que des croyances. Après un certain temps, en regardant à l'intérieur de soi, avec l'esprit d'ouverture et de connaissance, nous intégrerons notre corps de façon honnête et la présence à soi demeurera.

L'esprit répond selon nos croyances profondes. Il possède sa propre expression.

Ce que nous sommes réellement, il suffit d'écouter pour que se révèle l'énergie sous-jacente à notre potentiel de réalisation et de création.

Comprendre sa vibration intérieure, son rythme. Ces détails, vous seul pouvez les découvrir, en restant dans le temps disponible à soi.

L'enseignement stimule, lorsqu'une partie de nous est éveillée à la voie, on ne souhaite pas perdre de temps, mais l'empressement procure une vision restreinte. En fait, l'impatience procure de l'inquiétude, ce poids limite notre vision et produit la pensée. La tranquillité permet la légèreté. Ne confondons pas la persévérance avec l'acharnement. En restant spectateur de ta recherche, tu te laisses la possibilité d'avancer sans en convenir d'avance le chemin et la finalité. Pour progresser, reste ouvert à l'inconnu.

Patient et honnête, nous traversons le vide jusqu'à la réalisation. Dans l'esprit d'ouverture, toutes sortes de visions peuvent se révéler. Prenons garde de ne pas tomber dans la création de notre désir, pour donner une joie éphémère au cœur meurtri. La route peut être longue, mais nous progressons jusqu'au but: révéler et vivre l'amour auprès de ceux à qui nous sommes réellement destinés.

Tu es esclave, tu ne possèdes rien, mais rien ne te possède.

Tu es esclave, tu ne possèdes rien et tu veux posséder ce qui t’entoure.

Tu es esclave, tu ne possèdes rien, mais la vie te possède.

Tu veux être libre.

Tu es esclave, tu es le plus petit parmi les plus petits.

Tu restes esclave, tu es le plus grand parmi les plus petits.

Tu es esclave, tu es le plus petit parmi les plus grands, tu possèdes, mais la vie te possède.

Tu es roi, tu possèdes ce qui t’entoure et ce qui t’entoure te possède.

Es-tu roi ou esclave ? Tu es la mémoire des deux.
Je suis tout et pourtant je ne suis rien, car je possède la vie et la vie me possède.

Qu’est ce que rien ? C’est être libre de tout, jusqu’à l’existence.

Mais qu’est-ce que le tout ? C’est tout ce qui existe et dont je ne suis pas libre.

Tu es un roi, tu penses posséder tout.
As-tu encore envie de quelque chose ?

Alors tu reviendras en vie, jusqu'à ce tu ne veuilles plus rien ici.

Aimerais-tu être roi ? Tu n’es pas roi, alors ne rêve pas.

Aimerais-tu être roi ?

Mais n’es-tu pas roi ?

- Tu attends beaucoup de demain et je suis aussi ici pour t’être utile. A mon tour, j’aimerais te poser une petite question : t’intéresses- tu au talent?
- Pour moi, le talent est l’expression de l’Homme qui manifeste sur terre ce qui réside du plus profond de lui.
- Bien. Dis-moi maintenant : ce talent s’accomplit-il au travers d’une action ou est-il une présence par nature ?
- Je pense qu’il est lié à l’inné et s’accomplit sans l’aide de la réflexion. Le talent ne s’apprend pas par le travail mais se découvre au moyen de celui-ci.
- Allons plus loin. Crois-tu que le talent soit entier en chacun et n’attende que son moment pour vivre au grand jour ?
- Oui. Le plus difficile est de libérer ce qui entrave son expression. Le talent en soi se découvre lorsque l’on se voit accomplir quelque chose avec légèreté, un peu comme si on ne le faisait pas. Tout le reste, c’est du travail.
- Est-ce que tu penses que l’on a des talents non découverts en soi ?
- L’homme découvre sa nature véritable au moment où sa destinée se révèle. Il apprend aussi la vie à travers les desseins qui s’expriment autour de lui. Lorsque son génie ne se manifeste pas, c’est qu’il n’y a pas suffisamment d’espace vide en lui pour lui permettre d’émerger.
Oktan apporta des précisions :
- Le talent que nous exprimons élargit notre vision sur notre vie intérieure. Par ailleurs, le talent extérieur qui se révèle autour de nous, amène à une meilleure compréhension de la vie. Nous sommes d’accord, Nambu. Que comptes-tu faire pour laisser vivre le tien ?
- Je vais m’intéresser à ce que je suis réellement et m'ouvrir sur ce qui m’entoure.
- Ne devrais-tu pas d’abord te libérer de ce qui t’intéresse et ce dont tu crois avoir besoin pour permettre à ta destinée d’exister ?
- Maître, que veux-tu dire par là ?
- Prendre conscience de ne pas être à sa place amène une réflexion, mais celle-ci doit ensuite laisser place à l’observation. La claire vision a besoin d’espace: elle s’acquiert par la pratique du silence intérieur. Il s’agit de faire confiance à notre force initiale afin qu'elle nous montre le chemin.
- Lorsque l’eau s’agite en face de nous, on ne peut voir le reflet de notre vrai visage.
- C’est exact, Nambu !
- Mais comment s’acquiert la présence du silence intérieur ?
- Par l’écoute de ce qui se passe en soi. Par manque de pratique, cette présence paraît vide et sans intérêt. Aussi cherche-t-on la plupart du temps à y échapper pour combler notre vie. Mais pourtant, c’est bien de là que découle le secret. Sans l’essence initiale, toute action est inutile, pure perte de temps ! Va dans un endroit calme où tu peux te retrouver. Ensuite, tu pourras commen-cer à écouter…
- Mais que dois-je entendre ?
-Ton corps vit. Ecoute-le et tu com-prendras ce qu’il est. La première étape consiste à prendre réellement conscien-ce de notre existence.
- Mais, que vais-je entendre?
- Ce que tu es réellement s’exprime bien au-delà de tes pensées. Ton corps t’expliquera pourquoi il est ainsi. Peu à peu tu commenceras à comprendre ton essence et l’origine de ses vibrations. Ton corps est réactif à ce que tu lui fais vivre. Certes, tout cela prend du temps, mais lorsque tu sais aller au fond des choses, tu en comprends les raisons. Laisser s’exprimer l’essence de ton être te libère de ce que tu n’es pas.